Les usages de Global Mapper de Philippe BERTHET-RAMBAUD et Fanny BOURJAILLAT au sein de Engineerisk

CoupdeProjecteur_Engineerisk

C’est l’été et la neige (même en Savoie) a bien fondu… Pourtant
Philippe BERTHET-RAMBAUD et Fanny BOURJAILLAT ont très envie de nous parler des risques avalancheux ! Découvrez dans cet article le rôle tenu par Global Mapper en sein de leur bureau d’étude, Engineerisk, qui œuvre dans le domaine des risques nivologiques. Le nom de Philippe vous dit d’ailleurs quelque chose ? C’est normal : peut-être aviez écouté son passionnant témoignage à l’occasion de la Première Journée Francophone de Global Mapper !

(1) Pour commencer, pouvez-vous présenter Engineerisk ?

LogoEngineerisk
Engineerisk est une société privée, spécialisée dans les études des risques nivologiques (avalanches, mais aussi phénomènes de reptation – glissement sur le sol du manteau neigeux sur toute sa hauteur – et de transport de la neige par le vent), créée en janvier 2012. Il s’agit d’une TTPE (Très Très Petite EntrepriseWinking) puisque Engineerisk ne comptabilise pas plus de deux « personnels » : Philippe BERTHET-RAMBAUD et Fanny BOURJAILLAT, associés et créateurs de l’entreprise.

La rencontre des deux protagonistes s’est produite au sein du groupe MND (
Montagne, Neige et Développement) en 2010 alors que Philippe occupait le poste de Directeur de la filiale « MND Engineering » et que Fanny (alors jeune étudiante) recherchait un stage. C’est dans un souci d’impartialité qu’ils ont tous les deux quitté le groupe afin de garantir une transparence et liberté dans leurs études et préconisations au travers d’Engineerisk.

Le bureau d’études intervient principalement en France, mais aussi dans une quinzaine de pays au gré des projets et des besoins
(illustration 1). L’essentiel de l’activité est centré sur les domaines skiables, mais les risques nivologiques concernent aussi les infrastructures de transport (routes, rails, lignes électriques, etc.), industrielles (mines à ciel ouvert, barrages, etc.) ou les zones urbanisées.

Illustration 1. Engineerisk en Géorgie, lors d’une visite sur site, en mars 2018, pour un projet d’extension de la station de Gudauri vers le Nord
Illustration_1
Cliquer sur l'image pour l'agrandir

(2) Pouvez-vous nous dire quelques mots sur vos parcours professionnels et vos missions actuelles ?

Philippe BERTHET-RAMBAUD

Après des classes préparatoires, j’ai été admis à l’ENTPE (École Nationale des Travaux Publics de l’État) avec un statut de fonctionnaire, ce qui m’a aussi permis d’approfondir ensuite mon cursus à travers une thèse sur les ouvrages en béton armé soumis aux avalanches ou aux chutes de blocs. Après un service civil comme Volontaire à l’Aide Technique au bureau d’études du Centre Spatial Guyanais, mon premier poste se déroule au Laboratoire Régional des Ponts et Chaussées au sein du Centre d’Études Techniques de l’Équipement de Lyon : j’y passerai quelques années en charge du projet de station d’essai de chutes de blocs et secrétaire technique du groupe européen sur la certification des écrans de filets pare-blocs avant de rejoindre le groupe MND pour y créer la filiale MND Engineering comme évoqué précédemment.

Au sein d’
Engineerisk, j’assume la position « administrative » de Président, mais qui n’a que peu de sens au vu de notre format et de l’autonomie progressive et désormais avérée de Fanny. D’ailleurs, aujourd’hui, nous sommes associés à parts égales.

Fanny BOURJAILLAT

Mon parcours professionnel,
stricto sensu, se résume à seulement quelques lignes…

Titulaire du Master « 
Équipement Protection et Gestion des Milieux de la Montagne » (EPGM), obtenu au « Centre Interdisciplinaire et Scientifique de la Montagne » (CISM) de l’Université de Savoie Mont-Blanc après une licence en géologie, j’ai postulé en mars 2010 pour un stage au sein de l’entreprise savoyarde MND.

Mon apprentissage de la langue russe au lycée a donc enfin pu être valorisé puisque c’est le moment où le groupe débutait les travaux de sécurisation pour les JO 2014 de Sotchi en Russie. Philippe recherchait par ailleurs, et surtout, une personne pouvant l’aider sur la réalisation des cartes de risques pour la Guyane. J’ai eu la chance d’intégrer
MND Engineering, en tant que stagiaire donc, et pour laquelle j’ai travaillé un peu plus d’un an sous contrat avant que nous décidions avec Philippe de créer Engineerisk.

Illustration 2. Fanny et Philippe, en mars 2018, dans la région de la Svanétie (Géorgie) pour une évaluation des risques d’avalanche sur le village de Murkmeli
Illustration_2
Cliquer sur l'image pour l'agrandir

(3) À l’origine, pourquoi vous êtes-vous orientés vers Global Mapper ?


Nous avons très souvent recours à l’utilisation d’un logiciel de modélisations des écoulements d’avalanches (RAMMS) développé par l’institut suisse du SLF de Davos, référence en la matière.

Pour ce faire, deux données d’entrée sont primordiales dont la première est un MNT (Modèle Numérique de Terrain) au format .ascii. Ce format était peu utilisé/exploité en 2010 et il était surtout très difficile de le créer à partir d’un simple traitement de données de points et/ou courbes de niveau.

C’est là que, tel le
Saint Graal, Global Mapper apparut… Global Mapper nous a permis de créer des grilles .ascii en quelques clics seulement. Nous nous sommes rapidement familiarisés avec ce logiciel, très intuitif et qui proposait tout ce que nous pouvions attendre d’un SIG (illustration 3).

Nous l’avons donc tout simplement adopté et l’utilisons depuis au quotidien pour chacune de nos prestations en complétant progressivement les fonctions utilisées.

Les données nivo-météorologiques (chutes de neige quotidiennes principalement) sont la deuxième clé d’entrée. Il est indispensable, à partir d’une analyse statistique spécifique des données, de pouvoir déterminer les épaisseurs de neige dans les zones de départ en fonction à la fois de leur altitude, mais aussi de leur pente moyenne.

Illustration 3. Obtention d’une grille .ascii (b.) à partir des courbes de niveau (a.). Cette grille .ascii nous permet d’obtenir des informations précieuses pour nos études telles qu’une carte des pentes (c.) ou une carte des expositions (d.)
Illustration_3
Cliquer sur l'image pour l'agrandir

(4) Aujourd’hui, quels usages avez-vous de Global Mapper ?

Global Mapper nous aide aussi bien pour :
  • la cartographie/le zonage de l’aléa (illustration 4) ;
  • la réalisation d’étude de risques pour des projets de remontées mécaniques (illustration 5).
En fait, Global Mapper nous sert de plateforme pour à la fois compiler et centraliser toutes les données d’une étude (données rasters/vectorielles/topographiques, résultats de modélisation, relevés de terrain). Il est pour nous le support principal de nos analyses, mais aussi un outil de production de cartes ou de visuels pour nos rapports.

Illustration 4. Une cartographie de l’aléa avalanche dans les Pyrénées
Illustration_4
Cliquer sur l'image pour l'agrandir

Illustration 5. Résultats de modélisations numériques d’une avalanche centennale (épaisseurs maximales ici) intégrées dans Global Mapper où avaient été recalés et/ou digitalisés une orthophoto, les protections existantes, la ligne du projet de remontée mécanique (en jaune) ainsi que ses pylônes. Ceci nous permet ensuite d’exporter les valeurs correspondantes en .csv pour les intégrer dans un tableau Excel pour exploitation.
Illustration_5
Cliquer sur l'image pour l'agrandir

Différentes fonctions de Global Mapper nous sont utiles, notamment pour :
  • La modification d’éléments vecteurs, par exemple, pour modifier la topographie, y intégrer des aménagements prévus et ainsi les évaluer via des modélisations numériques (illustration 6) ;
  • L’accès aux bases de données pré-intégrées (ou non) notamment pour comparer des orthophotographies (illustration 6) ;
  • L’exploitation de données quantitatives sur des « grids » grâce au Profil de tracé, ce qui nous permet, par exemple, d’alimenter notre protocole d’évaluation des efforts sur les pylônes d’une remontée mécanique soumise à différents scénarios d’avalanches ou de reptation.

Illustration 6.a. Vue générale du couloir d’avalanche (localisation d’une tourne de protection en jaune) ; b. Calage d’une orthophoto de 1962 afin de redessiner les courbes de niveau en fonction de la topographie de l’époque (en lieu et place de la tourne, en pointillés blancs) ; c. Courbes de niveau actuelles.
Illustration_6
Cliquer sur l'image pour l'agrandir

À chaque nouvelle version, nous parcourons attentivement les nouvelles fonctions pour les intégrer à notre boîte à outils.

(5) Pour terminer, quel est votre outil préféré de Global Mapper ?

L’outil que nous préférons, parce qu’il recoupe une forme de remontée dans le temps et d’exploration, est le Rectificateur pour la rectification d’une image ancienne : grâce à l’IGN qui met à disposition ses anciens clichés (en général jusque dans les années 1930, 1940), une partie de nos analyses consiste à détecter d’anciens événements ou situer différents éléments historiques. Pour les intégrer proprement, il s’agit donc de rectifier ces clichés par rapport à différents points reconnaissables. Cet exercice permet de replonger dans le passé en imaginant les conditions de vie, la circulation à l’époque et, surtout, constater l’évolution faramineuse de nos montagnes en seulement quelques décennies.

Cette option permet par ailleurs d’intégrer des images récentes comme des prises de vue drone avec des intégrations bluffantes et très utiles dans le SIG pour pouvoir définir de manière assez précise les contours d’une avalanche récente (ou autres).

Par exemple, l’utilisation de cet outil Rectificateur a permis de déterminer que trois pylônes de la ligne HT (illustration 7) avaient été détruits puis relocalisés suite à une avalanche de 1970. Les témoignages correspondant évoquent donc des extensions conformément à cette ancienne localisation et non pas à l’actuelle.
Ces modifications de localisation de repères importants dans les récits conduisent régulièrement à des confusions dans le tracé des limites des extensions.
Global Mapper nous permet très souvent d’y (comme on y dit en Savoie !) voir plus clair et/ou de lever des incertitudes.
Toujours pour la même étude, une prise de vue aérienne par drone a pu être recalée sur le plan (avec intégration des courbes de niveau, des plans d’un projet de zone agricole), pour représenter au mieux l’extension de l’avalanche récente (illustration 8).

Illustration 7.
Localisation des pylônes HT actuels (points bleus) sur photos IGN rectifiées de 1967 (a.) et 1970 (b.). En blanc, ancien tracé de la ligne identifié par rapport au repérage visuel d’anciens pylônes (points blancs) et de la bande déboisée (ellipse jaune dans l’encadré à gauche). En vert, parcelle 43. Encadré à droite : extrait de la photo IGN de 1972 où apparaissent les travaux de fondation du pylône 40.
Illustration_7
Cliquer sur l'image pour l'agrandir

Illustration 8. Superposition de l’image drone (source : data-avalanche.org) rectifiée et du projet de zone agricole – courbes de niveau tous les 1m – travée électrique P40-P41 en jaune.
Illustration_8
Cliquer sur l'image pour l'agrandir

Un grand merci à Fanny et Philippe pour leur témoignage ! Retrouvez à cette adresse toute l’actualité de Engineerisk !

Vous ne connaissiez pas
Global Mapper ? Demandez dès aujourd’hui une version d'essai gratuite et valable deux semaines en cliquant ici.
blog comments powered by Disqus